La période française au Cameroun, une ère de répression
22 janvier 2025Le président français, Emmanuel Macron, a reçu ce 21 janvier 2025 le rapport d’une commission de chercheurs franco-camerounais sur le rôle de la France pendant la colonisation et après l'indépendance du Cameroun.
Ce rapport porte notamment sur l'implication de la France dans la lutte contre les mouvements indépendantistes et d'opposition au Cameroun entre 1945 et 1971. Très attendu dans le pays, il sera remis au président Paul Biya avant sa publication.
Pour l’historien camerounais, Bobo Moussa, enseignant-chercheur à l’université de Garoua, ce document pourrait éclairer un pan de l’histoire du pays longtemps passé sous silence et méconnu.
Entretien :
Ce rapport, qui vient à pic, permettra aussi bien aux Camerounais qu'aux Français, ainsi qu'à la communauté internationale en général, de connaître certains pans de l'histoire qui ont été longtemps occultés, qui ont été longtemps cachés, et surtout cette guerre contre le maquis, entre guillemets.
DW : Beaucoup parlent d'un pan d’histoire sanglant, longtemps tu et méconnu. Qu'est-ce qui caractérise cette période, notamment pendant la colonisation et juste après l’indépendance du Cameroun ?
Ce qu'on peut dire, c'est que la particularité de cette histoire coloniale française au Cameroun réside dans le fait qu’elle soit marquée par la répression. Appelons cela ainsi, parce qu’il y a eu pas mal de bavures. Cependant, beaucoup de pans n'ont pas été documentés, ou du moins, même lorsqu’ils l'ont été, ce sont des pans de l'histoire qui nous ont été cachés.
DW : Le Cameroun n’a pas connu que la France. Avant l’administration française, il était sous protectorat allemand. Pourquoi parle-t-on aujourd’hui essentiellement de la période française ?
Justement parce que, quand on essaye de jeter un regard en arrière sur les autres puissances colonisatrices qui ont administré le Cameroun, notamment l'Allemagne et la Grande-Bretagne, on constate qu’elles ont essayé de responsabiliser les populations. Elles ont tenté, plus ou moins, de laisser la latitude aux — entre guillemets — indigènes de s'autogérer.
DW : Mais les Britanniques et les Allemands n’étaient pas non plus exempts de reproches au Cameroun ?
Ça, c'est indéniable. Mais quand on essaye, plus ou moins, de faire une comparaison, on constate quand même, sur la base des faits, que, de l'autre côté, il y a eu une volonté de responsabiliser et de laisser les populations s'auto-administrer, comparativement à la période française, où l'on a connu répression, brutalité, et tout ce qui accompagne cette politique d'assimilation et de surexploitation, je dirais d'ailleurs.